Des remèdes à l’anxiété et l’angoisse moderne (pdf)

Description

DES REMÈDES À L’ANXIÉTÉ ET À L’ANGOISSE MODERNES

Madeleine Aveline

Vous rêvez qu’un danger vous menace : il vous faut fuir ; mais vos jambes sont de plomb, vous ne pouvez les décoller du sol, vous êtes perdu. Pour échapper à cette angoisse mortelle, vous vous réveillez en sursaut, le cœur tremblant, le front baigné de sueur. Qui n’a fait ce cauchemar au moins une fois dans sa vie ?

Vous ouvrez votre journal à la page des faits divers et vous y lisez — ce drame est malheureusement authentique — qu’une jeune mère de famille s’est suicidée par le gaz, entraînant dans la mort ses deux enfants pour les soustraire à l’horreur de la civilisation atomique et de la méchanceté humaine. Crime d’amour, geste maternel en dépit des apparences. Le cœur et l’esprit dévastés par l’angoisse, cette jeune femme a cherché dans la mort le refuge suprême et inviolable. On sait aussi que les pays frappés par les crises économiques et le chômage sont souvent le théâtre de drames individuels ou familiaux nés de l’inquiétude angoissante du lendemain.

L’angoisse est en chacun de nous, elle est partout. Elle est dans le rêve épisodique et bref que le réveil brutal permet d’interrompre. Intense et continue, elle peut conduire à la folie, la mort apparaissant au malade comme le seul dénouement possible.

Entre ces deux extrêmes, l’angoisse présente mille visages, mille degrés. Mais, dans tous les cas, on retrouve ces deux caractéristiques : le sentiment d’un danger et l’impossibilité d’y parer, d’écarter la menace : jambes de plomb dans le rêve, ou, dans le cas du suicide dramatique que nous venons de citer, pesanteur de la société qui écrase cette jeune mère et lui interdit toute espérance, affaiblissement des réactions toujours.

L’angoisse paralyse et l’inhibition qu’elle provoque la perpétue : il suffirait parfois d’un geste, d’une amorce de riposte pour la vaincre, mais l’angoissé ne trouve pas la force de les accomplir.

S’il est vrai que la fortune sourit aux audacieux, c’est-à-dire à ceux qui sont prompts à l’action, l’angoisse constitue donc un terrible handicap dans l’existence.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul, puisque les timides, par légions, viennent se joindre aux angoissés pour renforcer l’armée des impuissants, de ceux pour qui agir est un supplice.

A bien y regarder, en effet, nous trouvons chez le timide deux éléments très proches de ceux que nous découvrons dans l’angoisse.